UN LAC
Cinq clowns, n’ayant pas les moyens d’interpréter « Le Lac des Cygnes », décident de danser « Le Lac des Poules », ou plus simplement Un lac. Se lançant à corps perdus sur la scène, joyeusement et avec la maladresse qu’on leur prête, les clowns s’emparent de la danse pour réinventer ce ballet. C’est que le désir de danser est aussi fort chez ces cinq clowns que chez les danseurs étoilés, eux aussi ont un corps qui parle, rêvent d’étoiles et de grâce. L’envie de vivre coûte que coûte, l’urgence d’être aimé, la nécessité d’exister, tout cela rend ces clowns magnifiques et grotesques à la fois. L’absurde ici côtoie alors le beau, l’humour est délicat, fin, surprenant, joyeux surtout. Dans ce spectacle, le geste maladroit est juste, vrai, décalé, troublant d’inefficacité et d’authenticité. Comment le clown devient il ce danseur d’une burlesque beauté ? Et comment la danse, qui s’empare de son corps, transporte les rires suscités par son image, sur les rives de la poésie.